Honorer la Memoire de nos Victimes...

by John Miller Beauvoir on Tuesday, January 11, 2011 at 11:52pm

En cette date funeste du 12 janvier, qui ramène le souvenir de la plus grande catastrophe humaine  du monde moderne, ce moment, d’une solennité exceptionnelle, n’est ni à la polémique, ni aux vains conflits infantiles qui nous engouffrent dans le labyrinthe du désespoir et nous comblent de ridicule.

Cependant, au nom des 300,000 âmes réduites au silence par la fureur du séisme dévastateur, je ne peux m’empêcher de  relater  que les fleurs et les décrets officiels, malgré la pompe et le cérémonial qui les accompagnent, ne suffisent pas pour honorer la mémoire de nos chers disparus.

L’hommage à ces disparus suppose un culte quotidien dans l’Haïti post-12 janvier 2010 où nos comportements et nos actions témoignent du respect pour leur mémoire et la résolution de construire en mieux : construire l’être haïtien, la famille haïtienne, l’état haïtien, la nation haïtienne, et les infrastructures physiques d’un pays délabré. Ceci n’ayant pas été le cas, nous ne saurions prétendre honorer la mémoire de nos morts pendant un jour alors que nous nous étions complait à les déshonorer et  à les avilir pendant 364 jours de l’année.  Je vais pleurer mes morts, mais je ne m’associerai pas à votre hypocrisie,  à ce sadisme déconcertant dont vous avez donné la preuve tout le long de cette tragique année 2010.

Face au vécu surréaliste du quotidien haïtien et l’importance historique que revêt ce 12 janvier 2010, je ne peux résister à la tentation de rêver d’un digne hommage à nos frères et sœurs broyés par le monstre cataclysmique de l’année dernière.

Je rêve d’un hommage digne de la dimension de l’écrivain George Anglade où la cérémonie de souvenir s’associe à l’inauguration d’un méga centre culturel ou d’une grande bibliothèque qui porte son nom. 

Je rêve d’un hommage à mon ami Micha Gaillard, ce combattant pour la démocratie, la justice et les droits humains où le rituel s’organise dans un pays qui respecte les normes minimales de la démocratie, dans un pays où les dirigeants digèrent la pédagogie de l’exercice électoral.

Je rêve de grands chantiers de décentralisation et de déconcentration de l’Etat pour rendre un hommage mérité à ce paysan anonyme venu du Nord Ouest qui se retrouvait à Port au Prince ce jour-là pour la seule raison de vouloir se munir d’une carte d’identité nationale.

Je rêve d’un  hommage digne du combat des  féministes Myriam Merlet, Magalie Marcelin…quand nos jeunes filles et nos femmes haïtiennes seront à l’abri de la violence conjugale, des stéréotypes machistes moyenâgeux, du viol, et se libèrent du carcan de la pauvreté abjecte qui les pousse jusque sur les trottoirs.

Pour honorer la mémoire de milliers d’écoliers et étudiants moisis aujourd’hui encore sous les décombres de nos écoles et universités de pacotilles, je rêve d’une reforme de l’éducation en Haïti, la conception et la mise en vigueur d’un véritable code du bâtiment.

C’est ainsi et seulement ainsi que justice sera rendue à mon ami Jean Alix Bazile qui a perdu femme, enfants, maison,…tout, et aux millions d’haïtiennes et d’haïtiens qui portent les séquelles éternelles de ce mardi noir du 12 janvier 2010.
Dois-je cesser de rêver ?  Je suis tenaillé et meurtri par la triste réalité. Je tremble, comme au 12 janvier 2010 quand, à coté de ma femme, je me battais contre la mort… et mes yeux sont en larmes. Peut être que je dois cesser d’écrire, mais je veux continuer de rêver. Un peuple qui cesse de rêver n’a point d’avenir. 

Au nom de la Patrie meurtrie,
John Miller Beauvoir  

Commentaires

  1. John mon ami,c'est interessant tes idees! luttons tous pour une nouvelle Haiti. Le president des Etats Unis a dit, son pays sera toujours la comme partenaire a Haiti, cependant les haitiens doivent avoir en eux, l'idees de reconstruction! kenbe la mon ami

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